Sur la base des connaissances acquises sur les processus pertinents pour la formation de la grêle et le changement climatique, voici un scénario possible concernant la future survenance d’épisodes de grêle (selon Raupach et al. 2021):
Étant donné qu’une atmosphère plus chaude contient aussi plus d’humidité, on s’attend à une augmentation de l’instabilité potentielle (la source d’énergie d’un orage) dans ces conditions. Davantage d’humidité et d’instabilité peuvent stimuler la fréquence des orages et la force des courants ascendants (voir fig. 3). Combinés, ces facteurs – vents ascendants, hygrométrie des masses d’air dans les orages – peuvent favoriser la formation de plus gros grêlons.
En outre, dans une atmosphère chaude, le point de fusion – ou isotherme – monte en altitude (voir fig. 3), si bien que la distance que parcourt la grêle à travers l’air chaud en tombant et, logiquement, en fondant augmente. Lorsque l’isotherme est élevé, les petits grêlons peuvent fondre complètement, ce qui réduit la fréquence des événements de grêle. Les grêlons de grande taille, par contre, fondent moins rapidement, d’où un accroissement de la taille moyenne des grêlons au sol.
Si l’on se concentre sur les variations de l’instabilité et de l’isotherme, on s’attend à ce que, d’une manière générale, le changement climatique réduise la fréquence des orages de grêle, mais que les grêlons soient plus gros et les averses, plus intenses.
Une analyse des tendances observées et modélisées montre cependant que la réalité est plus complexe que cela et que les tendances varient d’un lieu à l’autre: selon la région, on a constaté des tendances globalement différentes en matière de fréquence et d’intensité des événements de grêle. En Europe, par exemple, ces tendances indiquent une augmentation dans les zones occidentale et centrale ainsi qu’en Suisse, et à diminuer dans celles du sud et de l’est. La modélisation des tendances futures révèle une multiplication des conditions météorologiques favorisant la formation de grêle et la probabilité de grêlons de grande taille. Il faut néanmoins noter que toutes les études ne prévoient pas les mêmes tendances et que les résultats sont très incertains.